[Info FR] Le pouvoir des multinationales et leur impunité étouffent la voix des peuples

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Lun 13 Juil 09:52:48 CEST 2015


 

Le pouvoir des multinationales et leur impunité étouffent la voix des
peuples [1] 
Créé le jeudi 9 juillet 2015 20:25 

(Harare, 9 juillet 2015) LVC dénonce le fait que LES PROCESSUS
LÉGISLATIFS ET DE POLITIQUES INTERNATIONALES, qui devraient être vus
comme des décisions démocratiques et citoyennes, SONT DE PLUS EN PLUS
DOMINÉS PAR LES INTÉRÊTS DES GRANDES MULTINATIONALES et cela avec la
complicité des classes gouvernantes [2]1. De plus, on constate une forte
tendance à CRIMINALISERles populations qui luttent pour leurs droits
ainsi qu'une impunité structurelle pour les crimes commis par ces mêmes
multinationales. 

Au niveau international, régional, national et local, nous observons que
de plus en plus, les cadres législatifs se conçoivent, s'interprètent et
se mettent en œuvre en fonction des intérêts des grandes entreprises et
des multinationales, malgré la résistance des mouvements et des
organisations qui défendent d'autres voies et l'intérêt général. A cela
s'ajoute un manque de transparence vis-à-vis de la société civile. 

Il est évident que les ACCORDS COMMERCIAUX INTERNATIONAUX avec des
mécanismes de protection des investissements, la dérégulation du
commerce et de la production et l'abandon de critères sociaux et
sanitaires comme on peut le voir de façon flagrante dans les accords
comme le TTIP, TPP, CETA, TISA et les APEs répondent aux demandes
pressantes des multinationales et non pas aux intérêts des populations. 

On crée aussi une CONFUSION PERMANENTE DU RÔLE des organisations qui
représentent la société civile et l'intérêt public et des entités qui
défendent les intérêts du secteur privé. Les multinationales sont
traitées de la même façon que les organisations de la société civile
alors qu'en fait, elles ne représentent personne et ne cherchent qu'à
défendre les intérêts de leurs actionnaires. Ceci réduit l'espace public
de manière considérable. 

On crée et on appuie davantage des entités mixtes, des tables rondes ou
des plateformes regroupant différents acteurs comme les instances
gouvernementales, les organismes de recherche, les bailleurs, les ONGs
et les organisations de la société civile alors que l'autonomie des
mouvements sociaux n'est pas garantie et encore moins soutenue. Ces
espaces poussent à des positions diluées et occultent les réalités du
terrain. Un exemple clair est celui de l'ILC (International Land
Coalition - Coalition internationale pour la terre) qui est une
organisation qui compte sur des fonds de plus en plus importants ces
dernières années et qui se présente, de façon opportuniste, à la fois
comme un organisme de recherche, un bailleur et un représentant de la
société civile. Or, le travail de ILC sert principalement à mitiger les
effets négatifs de l'accaparement des terres plutôt que d'arrêter les
accaparements eux-mêmes. 

Comme mouvement social de paysans, de travailleurs agricoles, de paysans
sans terre et de peuples indigènes nous sommes confrontés à UNE VISION
DU MONDE RÉDUCTRICE ET COMPLÈTEMENT CAPITALISTE, BASÉE SUR UN PARADIGME
DE CROISSANCE À TOUT PRIX, sur un marché qui dirige et résout tout et
sur un modèle occidental imposé. Ce modèle comprend la privatisation et
la marchandisation des biens communs et des droits de base comme l'eau
et l'alimentation. Il inclut aussi le mépris pour les mouvements sociaux
et un culte à l'entreprise comme l'unique acteur « utile » de la
société. La CHASSE AU BÉNÉFICE PRIVÉ est l'élément dominant dans la
prise de décision et dans la vision du monde. C'est une vision
patriarcale, capitaliste, individualiste et occidentale du bien-être qui
est promue et qui mène à une uniformité sur un marché mondialisé. Dans
cette vision, le rôle et la responsabilité des Etats sont de plus en
plus limités et superflus. Ceci réduit de manière considérable la
capacité d'influence et d'incidence démocratique des acteurs de base. 

De nouveaux marchés sont créés pour soi-disant résoudre les problèmes
que ce marché a créés. C'est ce que l'on voit dans l'exemple des marchés
carbones (REDD) qui ont généré de la spéculation foncière, des évictions
de communautés et une plus grande contamination en lieu et place de la
réduction des émissions carbones recherchée. On propose des solutions
technologiques comme les transgéniques et des fertilisants sans prendre
en compte une analyse du pouvoir et des intérêts actifs et sans vision à
long terme. Le marché d'un cadastre social pour les populations
affectées par les barrages montre que les problèmes sociaux sont aussi
gérés comme un marché. Nous mentionnons également les partenariats
public-privé (PPP) où les entreprises remplacent les Etats dans des
constructions obscures qui ne profitent qu'aux entreprises. La terre,
l'eau, les semences et nos terroirs, biens communs gérés par les
communautés, deviennent des marchandises sous le diktat du titre
foncier, du brevetage du vivant via des lois foncières et semencières
diligentées, dépossédant les peuples de leurs droits, qui sont les
garants de l'avenir de la planète et de l'humanité. 

Des initiatives sous prétexte de « lutter contre la faim dans le monde »
se mettent en place avec la complicité des Etats occidentaux et des
pressions sur de nombreux Etats comme laNOUVELLE ALLIANCEpour la
Sécurité Alimentaire et la Nutrition (NASAN) soutenue par le G8 ou
l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) qui s'inscrivent
insidieusement dans les programmes de développement agricole nationaux
et sous-régionaux pour imposer un modèle agricole occidentale et
introduire des OGMs et des produits prohibés dans les pays et
s'accaparer de leurs ressources naturelles comme la terre et l'eau. 

Il existe UN MANQUE PERMANENT DE SOLUTIONS STRUCTURELLES ET DURABLES, à
cause de la pression pour maintenir un statu quo et par crainte de
limiter les bénéfices de quelques uns. 

Nous vivons une augmentation de la CRIMINALISATION des syndicalistes,
des activistes de l'environnement et des paysan(ne)s qui luttent pour
leurs droits ou pour le droit de la nature. Rien qu'au Honduras, il y a
des centaines de paysans et de paysannes en procès pour défendre leurs
droits. Les violences contre les défenseurs de l'environnement ont
augmenté de manière exponentielle ces dernières années [3]2. 

Nous soulignons l'importance d'OUVRIR AUX ORGANISATIONS DE BASE LES
ESPACES OÙ LES NORMES INTERNATIONALES SONT DISCUTÉES ET ADOPTÉES et de
développer des mécanismes de consultation transparente, d'information et
de divulgation conduits par les mouvements eux-mêmes. Nous mentionnons
ici la Déclaration des Droits des paysans et des travailleurs ruraux qui
se développe au sein du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies
comme un exemple positif [4]3. 

Nous avons besoin de nouveaux processus de DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE,
transparente qui partent de la base (national, régional et mondial) pour
appliquer la souveraineté des peuples dans le monde d'aujourd'hui et non
pas leur oppression. 

Nous avons besoin de MÉCANISMES RÉGIONAUX ET INTERNATIONAUX
CONTRAIGNANTS POUR ARRÊTER LES CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ COMMIS PAR LES
MULTINATIONALEs. Dans ce sens, nous accueillons positivement
l'initiative du Conseil de Droits de l'Homme qui s'est fixé comme
objectif un Traité contraignant pour punir les crimes des
multinationales et nous soutenons la campagne pour le Démantèlement du
pouvoir du secteur privé. [5]4 

Nous reconnaissons que le rôle de l'État est de représenter les intérêts
des peuples. Donc, l'État a le devoir de s'opposer à tout politique ou
traité international qui mine les droits humain ou sa propre
souveraineté. Il est essentiel de soutenir la souveraineté et la
responsabilité des Etats au lieu de les saper au niveau international. 

LA VIA CAMPESINA DÉFEND LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE COMME UNE UTOPIE
REBELLE À CE SYSTÈME EXPLOITEUR. NOUS CONSTRUISONS NOS ALTERNATIVES DANS
LA SOLIDARITÉ, CHAQUE JOUR, DEPUIS LA BASE. 

CONTACTS: 

Marina Dos Santos (PT, ES): +55 21 981850558 

Unai Aranguren (ES, PT, EN):+34 636 369361 

Ndiakhate Fall (FR): +221 77 5508907 

 [6]1 https://www.tni.org/en/briefing/state-power-2014#infographics [7] 


[8]2http://www.democracynow.org/2015/4/22/how_many_more_116_environmental_defenders
[9] 

 [10]3 http://defendingpeasantrights.org/ [11] 

 [12]4 http://www.stopcorporateimpunity.org/ [13] 
 

Links:
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[1]
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[2]
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[6]
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[7] https://www.tni.org/en/briefing/state-power-2014#infographics
[8]
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[9]
http://www.democracynow.org/2015/4/22/how_many_more_116_environmental_defenders
[10]
http://viacampesina.org/fr/index.php/actions-et-nements-mainmenu-26/non-aux-multinationales-mainmenu-72/1105-le-pouvoir-des-multinationales-et-leur-impunite-etouffent-la-voix-des-peuples#sdfootnote3anc
[11] http://defendingpeasantrights.org/
[12]
http://viacampesina.org/fr/index.php/actions-et-nements-mainmenu-26/non-aux-multinationales-mainmenu-72/1105-le-pouvoir-des-multinationales-et-leur-impunite-etouffent-la-voix-des-peuples#sdfootnote4anc
[13] http://www.stopcorporateimpunity.org/
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