[Info FR] Criminalisation croissante des mouvements autochtones et paysans : Position de La Via Campesina Honduras

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Mar 22 Mar 13:58:36 CET 2016


 

DROITS HUMAINS

 CRIMINALISATION CROISSANTE DES MOUVEMENTS AUTOCHTONES ET PAYSANS :
POSITION DE LA VIA CAMPESINA HONDURAS [1]

 Créé le mardi 22 mars 2016 19:52 

(Comayagua, le 16 mars 2016) Face à la gravité de la crise sociale et
politique qui affecte les paysans, les paysannes, les peuples
autochtones, les populations garifunas et les mouvements populaires
honduriens, nous, les organisations paysannes de la Via Campesina
Honduras, la Centrale nationale des travailleurs agricoles (CNTC),
l'Association Nationale des Paysans du Honduras (ANACH), le Conseil pour
le développement intégral de la femme rurale (CODIMCA), le Front
national pour la jeunesse paysanne, les peuples autochtones et les
peuples d'ascendance africaine (FRENAJUC) et les représentations de
l'Association pour le développement du Honduras (ADROH) dans les régions
de Gracias, Lempira ; Opatoro et Marcala, La Paz et Colomoncagua,
Intibucá, réunis dans la municipalité de Siguatepeque, Comayagua,
dénonçons ce qui suit: 

1 Une politique étatique favorable au démantelement et à l'abandon de la
production agricole de petite échelle. 

 2. L'extrême pauvreté en milieu rural (plus de 3 millions de paysans
souffrent de famine) ou se concentrent 70 % des pauvres, dont 54 %
vivant dans des situations d'extrême pauvreté. 

 3. Les expulsions violentes ordonnées par les tribunaux, le Bureau du
Procureur et la police nationale pour satisfaire les groupes d'intérêt
privés et les propriétaires fonciers. 

 4. L'emprisonnement de plus de 5 000 agriculteurs, dont 1 700 femmes et
l'assassinat de 140 paysans et paysannes découlant de conflits liés à la
terre et de luttes pour la défense du territoire 

5. Nous nous opposons fermement à l'approbation du nouveau Code pénal.
Celui-ci été élaboré sans la participation du mouvement paysan et
criminalise l'ensemble des luttes pour l'accès à la terre et des
revendications des mouvements sociaux. 

 6. Le changement climatique a de graves répercussions sur la
production, la productivité et la souveraineté alimentaire de notre
peuple, au point qu'aujourd'hui les importations de maïs, haricots, riz,
légumes, viande, œufs et autres produits alimentaires atteignent des
records historiques au Honduras. 

 7. L'indifférence totale des pouvoirs exécutif et législatif qui
retardent les discussions et l'approbation du projet de loi de Réforme
agraire générale basée sur l'équité entre les sexes pour la Souveraineté
Alimentaire et le Développement Rural. Ce nouveau cadre juridique, plus
juste et plus équitable, permettrait pourtant d'appliquer des solutions
pacifiques aux conflits agraires du pays. 

 8. Le manque d'organisation et la corruption des institutions de l'Etat
(pouvoir exécutif, judiciaire, législatif, Cour suprême et parquet) qui
continuent à réprimer ouvertement les agriculteurs, les défenseurs des
droits de l'homme et les communicants sociaux, comme le montre l'exemple
du journaliste David Romero Ellner, condamné à 10 ans de prison par
l'Etat pour six infractions de diffamation, ainsi que la mise en vente
de notre souveraineté nationale, divisée en Zones de Développement
Economique (ZEDE), provocant des déplacements massifs de familles
rurales. 

9. La persécution et l'assassinat de ceux et celles qui luttent pour la
défense de la terre et du territoire, en l'occurrence le meurtre de
Margarita Murillo, de Berta Cáceres et de Nelson Noé García et
l'arrestation arbitraire du président du Mouvement paysan unifié de
l'Aguan (MUCA), Juan Angel Flores et celle de la défenseur et membre de
l'Observatoire permanent des droits humains de l'Aguan, Orbelina Flores
Hernández. 

10. La persécution politique du coordinateur général de la Via Campesina
au Honduras, Rafaël Alegria et d'autres dirigeants paysans aux niveaux
national, régional et local. Nous dénonçons également la mise sous
surveillance des bureaux de notre organisation et les attaques dont nous
faisons l'objet depuis le coup d'état (6 actions au total) et nous
déplorons l'attentat perpétré contre l'employé Chistian Mauricio
Alegría, touché à la main gauche par des tirs. Cet incident a eu lieu
devant les locaux de la Vía Campesina dans la Colonia Alameda de
Tegucigalpa, le 15 mars de la présente année. 

Pour toutes ces raisons et bien d'autres encore, le mouvement paysan de
la Via Campesina au Honduras exige ce qui suit: 

1. Le débat et l'approbation immédiate du projet de loi de Réforme
agraire générale basée sur l'équité entre les sexes pour la Souveraineté
Alimentaire et le Développement Rural, présenté au Congrès national le 9
avril 2014. 

2. La libération immédiate et inconditionnelle de plus de 5 000 paysans
et paysannes qui font l'objet de poursuites judiciaires dans tout le
pays pour avoir défendu leurs terres et leur territoire. 

3. En tant que mouvement paysan, nous nous associons au mouvement
populaire hondurien « Berta Caceres Vive » qui exige que toute la
lumière soit faite sur l'assassinat politique de la camarade Berta
Cáceres et que la société DESA-Agua Zarca, ainsi que les organismes
internationaux qui appuient ces projets macabres, se retirent des eaux
sacrées du fleuve Gualcarque. 

4. Nous proposons de former une Alliance Paysanne-Autochtone-Garifuna
pour la défense de la terre et le territoire et nous appelons à la
mobilisation nationale. 

5. Nous exprimons notre pleine solidarité au journaliste David Romero et
exigeons que le gouvernement trouve une solution pacifique et juste à ce
conflit - le peuple hondurien ne tolérera pas de nouvelles atteintes à
la liberté d'expression - et que les actes de corruption soient
signalés. 

6. Nous appelons la communauté nationale et internationale à se
prononcer en faveur de la vie et des droits humains dans notre pays et à
condamner la politique d'Etat visant à criminaliser et à écraser les
mouvements sociaux. 

LA VIA CAMPESINA HONDURAS 

CENTRALE NATIONALE DES TRAVAILLEURS AGRICOLES (CNTC) 

ASSOCIATION NATIONALE DES PAYSANS DU HONDURAS (ANACH) 

CONSEIL POUR LE DÉVELOPPEMENT INTEGRAL DE LA FEMME RURALE (CODIMCA) 

FRONT NATIONAL POUR LA JEUNESSE PAYSANNE, LES PEUPLES AUTOCHTONES ET LES
PERSONNES D'ASCENDANCE AFRICAINE (FRENAJUC) 

REPRÉSENTATIONS REGIONALES DE L'ASSOCIATION POUR LE DÉVELOPPEMENT DU
HONDURAS (ADROH) 

LA VIA CAMPESINA HONDURAS (LVC) 

 

Links:
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[1]
http://viacampesina.org/fr/index.php/les-grands-ths-mainmenu-27/droits-humains-mainmenu-40/1243-criminalisation-croissante-des-mouvements-autochtones-et-paysans-position-de-la-via-campesina-honduras
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