[Info FR] « Nous ne nous reposerons pas tant que nous n'aurons pas libéré tous nos prisonniers politiques » affirme Via Campesina

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Mar 30 Aou 20:37:48 CEST 2016


« NOUS NE NOUS REPOSERONS PAS TANT QUE NOUS N'AURONS PAS LIBÉRÉ TOUS NOS
PRISONNIERS POLITIQUES » AFFIRME VIA CAMPESINA [1]

 Créé le mardi 30 août 2016 12:51 

Lors de la Rencontre sur les Droits de l'Homme de Via Campesina qui
s'est tenue du 18 au 20 août à l'École Nationale Florestan Fernandes
(ENFF) dans la commune de Guararema, État de São Paulo, les Avocats
populaires, les Mouvements ruraux et les organisations ont débattu de la
criminalisation des luttes des mouvements sociaux dans le monde et ont
fait émerger de nombreuses propositions d'actions dans l'objectif de
renforcer l'activité du Collectif des Droits de l'Hommes de la Via. 

Dans l'interview pour la Page du MST Leandro Scalabrin, avocat populaire
du Mouvement des personnes subissant les nuisances des barrages (MAB)
expose quelques-unes de ces propositions et met en avant l'importance de
réaliser une action de cette nature dans la conjoncture actuelle. 

« La Rencontre a été positive, nous en sortons très motivés, le
Collectif a été renforcé et augmenté. Nous avons réussi à approfondir le
thème de nos Campagnes Internationales pour les mettre en œuvre dans
chaque pays et nous avons identifié l'enjeu commun de la criminalisation
des luttes sociales dans le monde. Ce travail sera diffusé sur tous les
continents et nous allons construire un réseau de protection pour nos
défenseurs des droits de l'homme. Nous ne nous reposerons pas tant que
nous n'aurons pas libéré tous nos prisonniers politiques » affirme-t-il.


Environ 60 militants de 18 pays d'Afrique, Asie, Europe et Amérique ont
participé à cette activité qui a également abordé les Traités
Internationaux qui concernent les droits des paysans et ce qui lie les
Entreprises et les Droits de l'Homme. 

À ce sujet Scalabrin fait remarquer que la Via dénonce « la structure de
l'impunité qui fait en sorte que les entreprises du capital privé
contrôlent l'État et approuvent les lois, créent des institutions pour
répondre à leurs intérêts, au détriment des biens communs et des droits
humains ». C'est-à-dire qu'il est nécessaire que les États établissent
une « responsabilité légale des entreprises pour leurs actions ou leurs
omissions quand elles violent les droits de l'homme dans les pays ». 

CI-DESSOUS L'INTÉGRALITÉ DE L'INTERVIEW

PAGE MST: UN DES CENTRES DU DÉBAT A ÉTÉ LA CRIMINALISATION DES
MOUVEMENTS. QUELLES ACTIONS ONT ÉTÉ PRÉVUES POUR ASSURER LA COORDINATION
INTERNATIONALE À PARTIR DE LA VIA ? 

LEANDRO SCALABRIN: Les informations apportées par les participants à la
Rencontre montrent qu'il existe un grand nombre de paysans et paysannes
emprisonnés, et aussi de nombreux cas de disparitions, d'exils
involontaires, de violences et de processus criminels sur tous les
continents. Il s'agit d'une vague de criminalisation des personnes et
des mouvements qui font partie de la Via Campesina. Des emprisonnements
politiques de personnes qui s'organisent pour réclamer leurs droits et
qui sont traitées comme des criminels. 

Face à cela nous avons débattu de la nécessité de renforcer le collectif
des Droits de l'Homme de la Via Campesina et de construire un Réseau des
Droits de l'Homme International qui puisse coordonner les dénonciations
de violations des droits des peuples ruraux et s'assurer que des actions
effectives ont un appui et une divulgation large, en plus de se
coordonner avec les réseaux et organisations déjà existantes qui
agissent dans ce secteur. 

POUVEZ-VOUS CITER QUELQUES EXEMPLES DE CETTE VAGUE DE CRIMINALISATION ? 

Au Brésil il y a 44 prisonniers politiques : 10 paysans et 34 indigènes.
On a déjà utilisé la loi de sécurité nationale contre les mouvements
sociaux et maintenant on utilise la Loi 12.850 qui se réfère aux
organisations criminelles. C'est le cas du MST dans l'État de Goias.
Valdir Misnerovicz et Luis Batista Borges sont détenus depuis avril et
mai sur le fondement de la loi des organisations criminelles alors
qu'ils défendent et revendiquent la réforme agraire au Brésil. 

Il y a des personnes criminalisées en France, en Espagne. La situation
est très difficile au Paraguay, en Argentine et au Honduras. Les
situations se ressemblent beaucoup : violences en manifestations,
violences policières, emprisonnements, procès. Au Honduras Berta Càceres
a été assassinée. Au Brésil Elton Brum dos Santos a été tué par la
police d'un tir dans le dos. 

APRÈS DISCUSSION, SUR QUELLES MESURES S'EST-ON MIS D'ACCORD POUR
S'ASSURER QUE DES ACTIONS RAPIDES DE DÉNONCIATION SOIENT MISES EN PLACE
DANS LES CAS DE VIOLATIONS ? 

Pour faire front à cette difficile réalité, nous proposons de coordonner
un réseau international des Droits de l'Homme de la Via et des
organisations alliées pour ensemble établir des mécanismes
d'autoprotection, de défense juridique et de dénonciation publique dans
les instances internationales de Droits de l'Homme. Cet ensemble
d'actions porte le nom de « Système d'Alerte ». Un des principaux
objectifs est d'assurer l'autoprotection des défenseurs des droits
humains. 

LA VIA AGIT AU SEIN DE CAMPAGNES DE COORDINATION POUR DES MOBILISATIONS
ET DES DÉNONCIATIONS SUR DIVERS SUJETS. DANS LE CAS DES PRISONNIERS
POLITIQUES, QUELLES SONT LES PROPOSITIONS À METTRE EN PLACE DANS CE SENS
? 

La proposition de construction du Réseau au sein du collectif des Droits
de l'Homme de la Via et le Système d'Alerte sont des actions qui visent
cette mobilisation autour des emprisonnements politiques. Cependant en
se basant sur d'autres campagnes, nous allons faire une campagne pour la
libération de ces prisonniers politiques. L'idée est que, à partir de
cette initiative, nous puissions donner une visibilité à ce mouvement
d'offensive et de criminalisation des Mouvements de la Via. 

UN AUTRE SUJET FONDAMENTAL DE LA RENCONTRE FUT CELUI DES TRAITÉS
INTERNATIONAUX. QUELLES FURENT LES INITIATIVES PRISES POUR ÉLARGIR LA
DIFFUSION DE CES PROCESSUS ? 

Nous allons réaliser des séminaires pour diffuser les propositions et
nous réunir avec les gouvernements nationaux de chaque pays afin de
présenter des projets de loi sur la base des propositions contenues dans
la Déclaration des Droits des Paysannes et Paysans et dans le Traité
liant Entreprises et Droits de l'Homme. 

Dans chaque pays nous revendiqueront pour que le gouvernement vote en
faveur d'une part de la Déclaration des Droits des Paysans et d'autre
part pour la création du Traité liant Entreprises [et Droits de
l'Homme]. 

La Via était présente lors de la mobilisation internationale à Genève en
2014, pendant la 26e réunion du Conseil des Droits de l'Homme de
l'Organisation des Nations Unies, lorsqu'on a réussi à faire approuver
une résolution qui responsabilise les multinationales pour les
violations des droits de l'homme commises dans le contexte de leurs
activités. Ce fut un vote serré : 20 pays pour, 14 contre et 13
abstentions dont celle du Brésil. Maintenant l'ONU a créé un groupe de
travail intergouvernemental pour établir des normes contraignantes. 

LA VIA EST PRÉSENTE DANS LES DEUX PROCESSUS. QUELS SONT LES PRINCIPAUX
POINTS DÉFENDUS PAR LES MOUVEMENTS PAYSANS DANS CES TRAITÉS ? 

Nous dénonçons la structure de l'impunité qui fait en sorte que les
entreprises du capital privé contrôlent l'État et approuvent les lois,
créent des institutions qui répondent à leurs intérêts au détriment des
biens communs et des droits humains. Cela se passe ainsi lors de la
construction des barrages, du financement des campagnes électorales,
dans la contamination de notre nourriture par des poisons, dans
l'appropriation privée du territoire et du travail. 

Les États doivent instituer la responsabilité légale des entreprises
pour leurs actions ou leurs omissions quand elles violent les droits
humains dans leur pays. Un exemple est celui de Samarco - Vale/BHP au
Brésil avec plus de 200 000 personnes victimes de violations des Droits
de l'Homme. 

COMMENT LA VIA ÉVALUE-T-ELLE LA RENCONTRE ET QUELLES SONT LES ATTENTES
PAR RAPPORT AU TRAVAIL DU COLLECTIF DES DROITS DE L'HOMME PENDANT LA
PÉRIODE À VENIR ? 

La Rencontre a été positive, nous en sortons très motivés, le Collectif
a été renforcé et augmenté. Nous avons réussi à approfondir le thème de
nos Campagnes Internationales pour les mettre en œuvre dans chaque pays
et nous avons identifié l'enjeu commun de la criminalisation des luttes
sociales dans le monde. Ce travail sera diffusé sur tous les continents
et nous allons construire un réseau de protection pour nos défenseurs
des droits de l'homme. Nous ne nous reposerons pas tant que nous
n'aurons pas libéré tous nos prisonniers politiques. 

22 août 2016 
  

Links:
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[1]
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