[Info FR] 1er mai : Construire la solidarité, la résistance et l’espoir entre les peuples

La Vía Campesina via-info-fr at viacampesina.org
Ven 1 Mai 17:53:35 CEST 2020


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CE #1MAI, EN TANT QUE LA VIA CAMPESINA, NOUS RÉAFFIRMONS QUE LES DROITS
DES TRAVAILLEUR·SE·S SONT AUSSI LES DROITS DES PAYSAN·NE·S !

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La persécution dans le contexte de la pandémie COVID-19 s'ajoute à la
violence historiquement pratiquée contre nos peuples. L'accent mis sur
cette pandémie ne peut nous faire oublier la violence systémique et
systématique à l'encontre des paysans et paysannes, et autres
travailleurs ruraux, ainsi que les violations de leurs droits. À la
recherche d'un revenu décent et pour assurer leurs moyens de production,
les travailleur·se·s ruraux·ales dans différentes parties du monde sont
constamment confronté·e·s à des hostilités, à la violence, à la
persécution et à la criminalisation. Cette situation est exacerbée par
la mise en place des mesures exceptionnelles contre la maladie. 

Par leur crise, le capital personnifié dans les sociétés transnationales
minières, agroalimentaires et hydro-industrielles harcelait déjà les
populations des campagnes, des eaux et des forêts ; avec la pandémie,
les gouvernements soumis à ces grandes entreprises justifient la
persécution et l'extermination. Toutefois, leur préoccupation n'est pas
de sauver des vies, mais d'essayer de sauver l'économie capitaliste, qui
repose sur le sang de milliers de personnes dans le monde. 

Pour les paysans et paysannes, les peuples de pêcheurs et des forêts, la
lutte quotidienne dans le contexte du COVID-19 n'est pas facile. Dans
plusieurs pays, lorsqu'ils tentent d'accéder aux marchés pour vendre
leurs récoltes ou leurs produits, les paysan·ne·s et autres
producteur·trice·s de denrées alimentaires sont confronté·e·s à des
sanctions économiques ou pénales pour tout déplacement hors de leur
communauté. Les marchés locaux, les marchés paysans, etc. ont été fermés
à titre préventif, mais les supermarchés sont encouragés à poursuivre
leurs activités, en exploitant leurs travailleur·se·s et en spéculant
parfois sur les prix des denrées alimentaires et d'autres produits tels
que les masques. Nous affirmons que le monde paysan est capable
d'adopter des mesures d'hygiène rigoureuses afin d'éviter la
contamination et d'être contaminé. 

Dans le secteur agricole, les personnes qui ont été amenées à utiliser
des produits toxiques, tels que les pesticides, insecticides et autres,
comptent aujourd'hui parmi les groupes les plus exposés au COVID-19, en
raison de la faiblesse physique et des maladies que ces produits
chimiques provoquent. 

Les communautés d'ascendance africaine, les peuples autochtones, les
migrants, les personnes LGBTI, les populations urbaines en situation de
pauvreté et les femmes sont parmi les personnes qui souffrent de
l'impact disproportionné de la crise sanitaire, sociale et économique. 

La violence domestique s'est intensifiée avec le confinement ; les
foyers sont devenus plus dangereux pour les femmes, les enfants et les
personnes âgées qui étaient déjà victimes de violence. Les groupes
féministes qui soutiennent les personnes confrontées à la violence
voient leur action limitée par l'enfermement forcé et subissent des
atteintes à leur liberté d'expression dans les médias numériques. 

La situation touche également les migrant·e·s internationaux et les
déplacé·e·s internes, notamment dans les camps de réfugiés surpeuplés.
Les adultes et les enfants sont confrontés à une détention arbitraire et
prolongée et à des traitements abusifs dans des conditions insalubres et
dégradantes, en plus des abus policiers. Les personnes impliquées dans
l'aide alimentaire ont été condamnées à des amendes dans les pays du
Nord et persécutées dans les pays à régime autoritaire. 

Depuis l'apparition de la COVID-19, les gouvernements du monde entier
ont appliqué des restrictions plus ou moins drastiques à la liberté de
mouvement et à la liberté de réunion. Une pandémie est combattue par
l'information, les soins, la santé publique universelle et gratuite, et
non par la police et l'armée qui s'attaquent aux gens. Certains
gouvernements se cachent derrière cette crise pour attaquer ou laisser
attaquer spécifiquement les leaders sociaux et les défenseurs des
territoires. De nombreux journalistes ou écrivains ont également été
attaqués pour avoir diffusé des critiques sur les gouvernements,
certain.e.s ont disparu ou ont été réduit.e.s au silence. Dans le même
temps, les grands médias ont continué à jouer un rôle important dans la
diffusion de la discrimination et des discours de haine contre certains
groupes sociaux. 

Il y a toujours des cas d'emprisonnement arbitraire, de détention au
secret de prisonniers politiques et des mesures de quarantaine qui ont
entraîné la suspension des services judiciaires, ce qui a servi de
prétexte pour empêcher la libération de personnes, ainsi que les
plaintes et l'accès à des recours judiciaires par les personnes qui ont
été menacées ou attaquées. Les revendications pour de meilleures
conditions sanitaires pour les prisonniers, face au Coronavirus, ont été
durement réprimées dans plusieurs pays. Les états d'alerte, la
militarisation accrue et la présence policière sont devenus la nouvelle
norme dans de nombreuses régions du monde, ce qui fait craindre que ces
pouvoirs continuent d'être exercés une fois la crise passée. 

Les militant·e·s et les dirigeant·e·s d'organisations populaires, hommes
et femmes, attirent également l'attention sur les conséquences et les
implications à long terme de la surveillance numérique accrue qui est
mise en place dans le monde entier pour soi-disant contenir la
propagation du virus. Non seulement elle mettrait en danger les droits
numériques et la vie privée de la société dans son ensemble, mais elle
permettrait également un plus grand contrôle du travail et des
mouvements des personnes, et des attaques - en ligne sur leur liberté
d'expression, et hors ligne sur leur vie - sur eux, leurs familles,
leurs communautés et leurs organisations. Dans le même temps, les
personnes qui n'ont pas accès aux technologies et aux différents outils
de communication se retrouvent isolées et incapables de communiquer sur
leur situation et de s'organiser en collectifs. 

En quelques semaines, la situation d'exclusion et d'inégalité a été mise
en évidence pendant la pandémie. Le système agroalimentaire hégémonique
s'est révélé incapable de lutter contre la faim, la précarité et les
terribles conditions de travail. Si les causes structurelles des
nombreuses crises que connaît l'humanité ne sont pas traitées, les
mobilisations sociales et les protestations s'intensifieront et avec
elles les mesures de répression et de contrôle de la part de ceux qui
maintiennent le monopole politique et économique. La pandémie a
précipité une crise structurelle du capitalisme déjà annoncée. 

Nous devons renforcer les alliances entre les organisations populaires,
en préservant la vie des personnes qui se battent pour leur territoire,
pour leur culture, pour une façon de produire de la vie qui ne détruise
pas la planète. Nous devons rendre visibles et faire prendre conscience
des menaces qui pèsent sur les personnes et leurs organisations, en
particulier les plus isolées. Nous devons dénoncer de toutes les
manières possibles la violence subie, en ciblant les gouvernements, les
entreprises, les propriétaires terriens et les autres personnes qui sont
impliquées dans la persécution, la criminalisation, la disparition et
l'assassinat de militants et de dirigeants de mouvements et
d'organisations populaires. La violence est, et reste, un phénomène
structurel plutôt qu'un phénomène d'urgence, et doit être traitée comme
telle par le déploiement des ressources nécessaires. 

La construction collective est fondamentale pour faire face au monde
d'aujourd'hui et de demain. La crise a également mis en évidence la
solidarité et la construction d'alternatives, existantes et nouvelles,
qui doivent être le moteur de nos futures actions collectives. Nous ne
reviendrons pas à la "normalité" de la violence, aux situations
précaires. Le capitalisme n'a rien à offrir à nos peuples, seulement la
violence, l'exploitation et la mort. Ce que nous disons aujourd'hui
était fondamental hier et le sera encore demain. Il est temps de
promouvoir de nouvelles valeurs, il est temps d'organiser la résistance,
de renforcer les connaissances locales et la création de connaissances
et l'apprentissage participatifs, de produire sur nos territoires, de
nourrir le monde et de préserver la planète et l'humanité. 

IL EST TEMPS DE RENFORCER LA SOLIDARITÉ, D’EXERCER LA RÉSISTANCE, DE
CULTIVER L’ESPOIR.
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