[Info FR] Libérons-nous de la faim, de la pauvreté, de la dette et de la mort ! Libérons-nous des accords de libre-échange !

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Jeu 9 Sep 13:20:03 CEST 2021


LIBÉRONS-NOUS DE LA FAIM, DE LA PAUVRETÉ, DE LA DETTE ET DE LA MORT !
LIBÉRONS-NOUS DES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE !

 9 SEPTEMBRE 2021  ACCORDS DE LIBRE ÉCHANGE [1], CAPITALISME
INTERNATIONAL ET LIBRE ÉCHANGE [2] 

_La Via Campesina a fait du 10  septembre la Journée Internationale
d'Action de S olidarité contre l'OMC et les accords de libre-échange,
afin de commémorer le sacrifice du fermier coréen Lee Kyung Hae, qui
s'est poignardé à mort devant le lieu de la réunion ministérielle de
l'OMC à Cancun, au Mexique, en 2003. Son acte était une réaction de
désespoir et de colère  face aux accords de libre-échange dirigés par
l'OMC qui ont conduit à une marginalisation totale des petits
producteurs de denrées alimentaires dans son pays et dans le monde
entier._ 

_ COMMUNIQUÉ DE PRESSE: JOURNÉE INTERNATIONALE D'ACTION DE SOLIDARITÉ
CONTRE L'OMC ET LES ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE_ 

HARARE, LE 09 SEPTEMBRE 2021 : "La Faim Zéro d'ici à 2030" et
"l'Élimination de la Pauvreté sous toutes ses formes" partout dans le
monde figurent parmi les objectifs de développement durable que les
Nations Unies souhaitent atteindre d'ici à la fin de la décennie.
Pourtant, à partir de septembre 2021, deux tendances s'opposent à cet
objectif.   

_PREMIÈREMENT, _lafaim est en hausse depuis 2015, et la dernière
estimation des personnes souffrant de la faim s'élève à 820 millions. La
majorité des personnes sous-alimentées dans le monde - 381 millions 
[3]- se trouvent encore en Asie. Plus de 250 millions vivent en Afrique,
où le nombre de personnes sous-alimentées augmente plus rapidement que
partout ailleurs dans le monde. Bien qu'elles soient au coeur des
pratiques agricoles agressives menées par les multinationales, les pays
d'Amérique Latine et des Caraïbes abritent également près de 84 millions
de  [4]personnes vivant dans une extrême pauvreté, confrontées à la faim
et à la malnutrition. 

_DEUXIÈMEMENT, _en mai 2021, les prix alimentaires mondiaux ont augmenté
au rythme mensuel le plus rapide depuis plus de dix ans [FAO]. Une
flambée des prix internationaux des huiles végétales, du sucre et des
céréales est à l'origine de cette augmentation. 

Et ce, bien que, chaque année, un tiers de l'ensemble des denrées
alimentaires produites - soit l'équivalent de 1,3 milliard de tonnes
d'une valeur d'environ 1 000 milliards de dollars - finisse par pourrir
dans les poubelles des consommateurs et des distributeurs ou par
s'abîmer en raison de mauvaises pratiques de transport et de récolte. 

_IL EST CLAIR QUE LE SYSTÈME ALIMENTAIRE MONDIAL EST DÉFECTUEUX._ 

Une multitude d'accords de libre-échange multilatéraux, bilatéraux et
régionaux entre pays et continents constituent le pilier central de ce
système défaillant. Ces instruments ont permis à une multitude de
méga-corporations actives dans le domaine des semences, des intrants
agricoles, de la viande, des produits laitiers, de l'huile de palme, du
coton et des produits alimentaires transformés, d'accéder au marché des
pays économiquement développées et sous-développées du monde entier.
Cela a eu des conséquences dévastatrices pour le commerce local, les
marchés paysans et la souveraineté alimentaire des peuples. 

La quasi-totalité de ces négociations de libre-échange sur l'agriculture
et la pêche s'inspirent de l'Accord sur l'Agriculture (AA) de l'OMC, qui
pose de nombreux problèmes. Ce cadre mondial prévoit essentiellement la
réduction des droits de douane à l'importation, le retrait des
subventions nationales et la suppression des stocks publics à des fins
de sécurité alimentaire. Il s'agit d'un modèle commercial dépassé du 20e
siècle qui sert les intérêts des entreprises au détriment des limites de
la planète et du bien-être des animaux et qui nous pousse vers des
inégalités sociales insoutenables. Le fait que l'agriculture
industrielle et les pratiques qui lui sont associées contribuent à près
de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre n'empêche
pas son expansion par le biais de ces accords commerciaux. 

À ce jour, au moins 350 accords régionaux de libre-échange et plus de 3
000 traités bilatéraux d'investissement (TBI) sont en vigueur dans le
monde.  Les TBI comprennent généralement le mécanisme controversé de
règlement des différends entre investisseurs et États (RDIE), qui permet
aux entreprises de poursuivre les gouvernements si elles estiment que de
nouvelles lois ou réglementations ont un impact négatif sur leurs
activités. Le RDIE repose sur l'arbitrage plutôt que sur les tribunaux
publics, et près de 1000  [5]litiges entre investisseurs et États ont
été menés contre des gouvernements par des entreprises du monde entier. 

Les accords commerciaux réalisés dans le cadre d'accords de
libre-échange ou de traités d'investissement visent à exploiter la
main-d'œuvre bon marché et à implémenter des réglementations
environnementales et syndicales peu contraignantes dans les nations
économiquement moins développées. Les grandes puissances telles que les
États-Unis et l'Union Européenne poussent les autres pays à adopter
leurs normes en matière de propriété intellectuelle. Sous prétexte de
faciliter les affaires, la plupart des gouvernements finissent par
démanteler les mécanismes réglementaires nationaux qui offrent une
protection au commerce local, à la main-d'œuvre locale et aux ressources
naturelles. 

En juin 2021, lors de la 100ème session du Comité des Accords
Commerciaux Régionaux. Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de
l'OMC, a rappelé aux participants que l'objectif de l'OMC est de faire
augmenter les niveaux de vie, de créer des emplois et de promouvoir le
développement durable et le bien-être dans le monde entier. 

Pourtant, au cours des cinq dernières décennies de leur existence, les
accords mondiaux de libre-échange n'ont fait qu'engendrer la faim, les
émeutes de la faim, les suicides d'agriculteurs, les crises climatiques,
l'extrême pauvreté et les migrations de détresse. L'acte désespéré de
Lee Kyung Hae, agriculteur sud-coréen, qui a sacrifié sa vie, juste
devant le lieu d'une réunion ministérielle de l'OMC à Cancun il y a
dix-huit ans, a exprimé de manière tragique ces crises dans les zones
rurales du monde entier. 

Ces accords commerciaux ont ouvert la voie à la privatisation, à la
déréglementation et au retrait de l'obligation des États de fournir des
services publics essentiels à sa population. Ils ont eu un impact
dévastateur sur les zones rurales en particulier. Les femmes et les
enfants en sont les premières victimes, car la migration forcée les
oblige à fuir leurs villages et à travailler dans des conditions
inhumaines dans les villes. Dans tous les pays, la disponibilité et la
qualité des soins de santé et de l'éducation publique ont énormément
souffert au cours des cinq dernières décennies, en particulier dans les
zones rurales, privant ainsi les femmes, les enfants et les jeunes du
droit à une vie décente. 

Malheureusement, au lieu d'écouter les voix des paysans, des populations
autochtones, des pêcheurs et des travailleurs agricoles migrants,
l'Organisation Mondiale du Commerce et les gouvernements riches
poursuivent leurs activités habituelles et appliquent ces politiques
comme si ces crises n'avaient jamais existé. 

_LES GENS DU MONDE ENTIER SE MOBILISENT PLUS QUE JAMAIS._ 

Les agriculteurs indiens, qui manifestent dans les rues depuis neuf
mois, ont expliqué que les nouvelles lois agricoles visent à
corporatiser l'agriculture indienne et peuvent mettre en péril le
système de marchés publics du pays. Ils soulignent également les
nouvelles négociations commerciales qui se profilent à l'horizon (avec
les États-Unis et l'Union Européenne) et qui menacent leur souveraineté
alimentaire, leur autonomie et les normes de biosécurité relatives aux
aliments génétiquement modifiés.  En Indonésie, en Thaïlande, au Japon,
aux Philippines et en Corée du Sud, les paysans résistent au CP-TPP, au
RCEP, au FTAAP-21 et à toute une série d'autres accords commerciaux
régionaux que les grandes puissances économiques mondiales comme les
États-Unis et la Chine sont en train de faire adopter. En Argentine, en
Équateur, au Kenya et en Zambie, les citoyens protestent contre la crise
de la dette induite par le FMI.  L'accord UE-Mercosur se heurte à la
résistance des paysans et des organisations de la société civile des
deux côtés du spectre. Ils soulignent que dans les pays du Mercosur, la
production de soja, de sucre et de viande, par exemple, s'industrialise
de plus en plus, principalement en lien avec le modèle agressif orienté
vers l'exportation. Le bassin amazonien d'Amérique du Sud, essentiel
pour le climat et la biodiversité du monde entier, est contraint de
céder face à ce modèle. 

Alors même que la pandémie sanitaire mondiale exige la solidarité et
l'empathie du monde entier, l'Europe et les États-Unis sont en première
ligne pour bloquer l'effort mené par l'Afrique du Sud et l'Inde au sein
de l'Organisation Mondiale du Commerce pour lever les protections de la
propriété intellectuelle des vaccins COVID-19 et d'autres outils. 

Ceux qui résistent à ces accords commerciaux injustes sont opprimés et
criminalisés. La plupart des conflits agraires dans le monde aujourd'hui
résultent d'un accaparement des ressources naturelles par les
entreprises, souvent en connivence avec les gouvernements et les
autorités locales. Ces acquisitions forcées de nos territoires sont
généralement réalisées sur la base de ces accords commerciaux et
d'investissement négociés, signés et exécutés sans l'approbation ou la
participation des communautés paysannes et indigènes. 

À quoi servent l'OMC et toute cette série d'accords de libre-échange
s'ils ne font que perpétuer cette habitude coloniale qui consiste à
soumettre la majorité de la population ? Ces accords de libre-échange,
souvent négociés à huis clos selon des procédures opaques, sont les
vestiges persistants de l'impérialisme et du néocolonialisme du XXIe
siècle. 

La faim est réelle. La pauvreté rurale et la famine sont réelles. Les
pandémies sont réelles. L'inégalité face aux vaccins est réelle. La
migration forcée est réelle. Les crises climatiques sont réelles.
Savons-nous ce qu'il y a d'autre de réel ? En pleine crise alimentaire
et sanitaire mondiale, les actionnaires et les dirigeants de Nestlé se
sont octroyés un dividende record de  [6]8 milliards de dollars, soit
plus que le budget annuel total du Programme Alimentaire Mondial des
Nations Unies ! Ces entreprises agroalimentaires ont été exposées et
dénoncées par les communautés du monde entier. Poussées à l'arrière-plan
par des protestations massives et des véridicts défavorables, ces
sociétés géantes entrent maintenant dans les espaces de gouvernance
mondiale et cooptent le langage des droits de l'homme avec une
agressivité redoublée, dans l'espoir de masquer leur conduite
criminelle. Le dernier exemple en date de cet effort de construction
d'image "verte" est le Sommet des Nations Unies sur les Systèmes
Alimentaires - une façade derrière laquelle les entreprises
agroalimentaires peuvent cacher leurs innombrables violations des droits
de l'homme et leurs pratiques commerciales déloyales. 

Face à l'extrême détresse humaine, la faim et la pauvreté, nous devons
lutter contre cette vulgarité du capitalisme et du néolibéralisme. Dans
son article 16, la _Déclaration des Nations Unies sur les droits des
paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP)
_affirme que les États doivent prendre des mesures appropriées pour
renforcer et soutenir les marchés locaux, nationaux et régionaux. Ils
doivent le faire de telle façon à faciliter et à garantir notre accès et
notre participation de manière intégrale et équitable à ces marchés,
afin de vendre nos produits à des prix qui leur permettent, à eux et à
leurs familles, d'atteindre un niveau de vie adéquat. Nos luttes dans
nos territoires doivent puiser leur force dans la Déclaration des Droits
des Paysans et exiger des politiques publiques qui soient en accord avec
l'UNDROP.   

Alors que nous marquons cette journée internationale d'action de
solidarité contre l'OMC et les accords de libre-échange, La Via
Campesina rappelle les derniers mots du fermier Lee à Cancun: "Mon
avertissement s'adresse à tous les citoyens : les êtres humains sont
dans une situation de danger. Les multinationales sans scurpule et un
petit nombre d'acteurs importants de l'OMC mènent une mondialisation
indésirable qui est inhumaine, nuisible pour l'environnement, meurtrière
pour les agriculteurs et antidémocratique." 

En tant que La Via Campesina, nous devons rester attentifs à la 12ème
réunion ministérielle de l'OMC qui se tiendra à Genève à partir du
30novembre. Nous poursuivrons nos revendications pour écarter l'OMC et
les accords de libre-échange de l'agriculture ! Nous insisterons sur un
système commercial mondial qui respecte la dignité des peuples et se
base sur la solidarité et la réciprocité au-delà des frontières. 

RÉSISTEZ AUX ACCORDS DE LIBRE-ÉCHANGE ! 

L'OMC HORS DE L'AGRICULTURE ! 

On exige un commerce solidaire, maintenant ! 
 

Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/contre-quoi-nous-luttons/capitalisme-international-et-libre-echange/non-aux-accords-de-libre-ange/
[2]
https://viacampesina.org/fr/contre-quoi-nous-luttons/capitalisme-international-et-libre-echange/
[3] https://www.un.org/sustainabledevelopment/hunger/
[4] http://www.fao.org/americas/noticias/ver/en/c/1293339/
[5] https://www.bilaterals.org/?what-s-wrong-with-free-trade
[6] https://www.cadtm.org/Agro-imperialism-in-the-time-of-Covid-19
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