[Info FR] #16Oct2022 - Déclaration: La souveraineté alimentaire est la seule solution et la voie à suivre

La Vía Campesina via-info-fr at viacampesina.org
Lun 17 Oct 12:28:00 CEST 2022


LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE EST LA SEULE SOLUTION ET LA VOIE À SUIVRE

 16 OCTOBRE 2022  DOCUMENTS CLEFS (SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE) [1],
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE [2] 
-------------------------

DÉCLARATION DE LA _JOURNÉE INTERNATIONALE D'ACTION POUR LA SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE DES PEUPLES CONTRE LES MULTINATIONALES_ #16OCT22 
-------------------------

Notre monde fragile est confronté à une crise alimentaire mondiale
imminente. L'impact de la COVID-19 a plongé davantage de personnes dans
la pauvreté. Les confinements ont dévasté les moyens de subsistance des
familles, l'économie, et ont perturbé les chaînes d'approvisionnement. À
l'échelle mondiale, selon le Rapport mondial sur les crises alimentaires
[3] (GRFC [4] 2022), les niveaux de faim restent aussi alarmants qu'en
2021, environ 193 millions de personnes sont en situation d'insécurité
alimentaire aiguë et ont besoin d'une aide urgente dans 53 pays. Cette
faim aiguë est provoquée par les conflits, les chocs climatiques, les
retombées économiques et sociales dramatiques de la pandémie de COVID et
dernièrement par la guerre en Ukraine. Début 2022, les prix des matières
premières alimentaires étaient au plus haut depuis 10 ans, et les prix
du carburant au plus haut depuis 7 ans. La crise alimentaire actuelle
concerne l'accessibilité ; même dans les endroits où la nourriture est
disponible, son coût est hors de portée pour des millions de personnes,
tandis que la hausse des prix aggrave les défis pour ceux qui ont à
peine les moyens de payer pour se nourrir en temps normal. 

La crise alimentaire actuelle est unique car elle se déroule dans un
contexte mondial plus difficile qu'avec les crises alimentaire et
énergétique de 2008. L'intensité et la fréquence des chocs climatiques
ont plus que doublé par rapport à la première décennie de ce siècle.
Environ 1,7 milliard de personnes ont été touchées par des catastrophes
liées au climat, dont près de 90 % sont devenues des réfugiés
climatiques au cours des 10 dernières années. La faim, la malnutrition
et la pauvreté sont plus difficiles à vaincre en raison des guerres, des
conflits et des catastrophes naturelles en cours. Celles-ci perturbent
tous les aspects d'un système alimentaire, depuis la récolte, la
transformation et le transport des aliments jusqu'à leur vente, leur
disponibilité et leur consommation. 

Mais mettre fin à la faim ne s'agit pas que d'une question
d'approvisionnement. Assez de nourriture est produite aujourd'hui pour
nourrir tout le monde sur la planète. Le problème est l'accès et la
disponibilité d'aliments nutritifs, qui sont de plus en plus entravés
par de multiples défis, notamment la pandémie de COVID-19, les conflits,
le changement climatique, les inégalités, la hausse des prix et les
tensions internationales. 

Alors que le passage du multilatéralisme au multipartenariat prolifère
sur les plates-formes des Nations Unies, les entreprises ont continué à
prendre le contrôle des récits de changement. Le pouvoir des entreprises
dans les systèmes alimentaires et agricoles a également continué de
croître, et la financiarisation transforme la nourriture et la terre en
objets de spéculation. Le récent processus UNFSS (Forum des Nations
Unies sur les normes de durabilité) est un exemple clair de cette
tendance. L'échec des politiques néolibérales et de l'agriculture
industrielle (y compris les OGM) à augmenter les rendements et les
profits a conduit à la concentration du pouvoir des entreprises dans
quelques sociétés transnationales (STN) qui contrôlent le Big Data, les
terres agricoles, les ressources océaniques, les semences et les
produits agrochimiques, et qui visent à dominer de plus en plus nos
systèmes alimentaires et à s'approprier le 80% de la nourriture produite
par les agriculteur·trices familiaux·ales. La financiarisation a conduit
à une concentration sans précédent du marché pour valoriser de nouveaux
investissements en Recherche et Développement (R&D) et en
(bio)technologies, dans le but d'étendre les frontières du capitalisme
pour capter toute la biodiversité mondiale. 

Partout dans le monde, on observe une tendance au rétrécissement de
l'espace de la société civile et à la diminution de l'ambition de
défendre les droits humains. Les activistes au niveau local sont de plus
en plus vulnérables à la violation des droits humains, à l'oppression et
à la criminalisation. La violence physique de la répression parrainée
par l'État en utilisant les forces de sécurité et militaires a ciblé des
individus et assiégé des masses de manifestant·es pacifiques dans le
monde entier. D'un autre côté, la primauté et la légitimité du secteur
public sont de plus en plus menacées par la mainmise des entreprises sur
les processus politiques et un discours sur le développement qui
attribue un rôle de premier plan aux investissements du secteur privé,
tandis que le multilatéralisme est attaqué par un nationalisme populiste
virulent et un multipartenariat promu par les entreprises. 

Au cours des trois dernières décennies, il y a eu une croissance d'un
réseau de plus en plus solide, diversifié et articulé de petit·es
producteur·trices alimentaires, de travailleur·euses et d'autres
acteur·trices sociaux·ales mal servis par le système alimentaire
mondialisé dirigé par les entreprises, qui plaident pour une
transformation radicale des systèmes alimentaires et agricoles basés sur
la souveraineté alimentaire. Ces mouvements se sont résolument engagés
dans la défense et la construction de dispositifs d'approvisionnement
alimentaire - durables du point de vue écologique et sociale et ancrés
dans les territoires - qui ont tendance à être qualifiés d'« alternatifs
», bien qu'ils soient responsables de jusqu'à 70 % de la nourriture
consommée dans le monde. Repenser les politiques agricoles sous l'angle
de la sécurité économique et nationale doit être une priorité. 

Le mouvement de la souveraineté alimentaire a été un élément dynamique
pour l'articulation de la transformation et des solutions depuis les
années 1990, à travers le Forum de Nyéléni sur la Souveraineté
Alimentaire en 2007 et le Forum sur l'Agroécologie en 2015. 25 ans après
la création du concept de _Souveraineté Alimentaire_, nos mouvements
rejoignent leurs voix pour appeler à un changement systémique afin
d'ouvrir la voie à un avenir d'espoir. 

NOUS EXIGEONS UNE ACTION IMMÉDIATE POUR : 

 	* Fin de la spéculation alimentaire et suspension des échanges de
produits alimentaires sur les marchés boursiers. Le prix des aliments
commercialisés au niveau international devrait être lié aux coûts de
production et suivre les principes du commerce équitable, tant pour les
producteur·trices que pour les consommateur·trices ;
 	* Fin du contrôle du commerce alimentaire par l'OMC et maintien de la
production alimentaire hors des accords de libre-échange. Les pays
devraient disposer de stocks alimentaires publics et réguler le marché
et les prix, afin de pouvoir soutenir les petits producteurs
alimentaires dans ce contexte difficile ;
 	* Créer un nouvel organisme international pour mener des négociations
transparentes sur les accords de produits de base entre les pays
exportateurs et importateurs afin que les pays qui sont devenus
dépendants des importations alimentaires puissent avoir accès à la
nourriture à un prix accessible ;
 	* Interdire l'utilisation de produits agricoles pour produire des
agrocarburants ou de l'énergie. La nourriture devrait être une priorité
absolue sur le carburant.
 	* Apporter un moratoire mondial sur le paiement de la dette publique
par les pays les plus vulnérables. Faire pression sur ces pays pour
qu'ils remboursent la dette est hautement irresponsable et conduit à des
crises socio-économiques et alimentaires.

NOUS EXIGEONS DES CHANGEMENTS RADICAUX DANS LES POLITIQUES
INTERNATIONALES, RÉGIONALES ET NATIONALES POUR RECONSTRUIRE LA
SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE À TRAVERS : 

 	* Un changement radical dans l'ordre commercial international. L'OMC
doit être démantelée. Un nouveau cadre mondial pour le commerce et
l'agriculture, basé sur la souveraineté alimentaire, devrait ouvrir la
voie au renforcement de l'agriculture paysanne locale et nationale, pour
assurer une base stable pour une production alimentaire relocalisée, le
soutien aux marchés locaux et nationaux dirigés par les paysans, ainsi
que de fournir un système commercial international équitable fondé sur
la coopération et la solidarité ;
 	* La mise en œuvre de la Réforme Agraire populaire et intégrale, pour
stopper l'accaparement de l'eau, des semences et des terres par les
multinationales (STN), et garantir aux petit·es producteur·trices des
droits équitables sur les ressources productives. Nous protestons contre
la privatisation et l'accaparement des territoires et des biens communs
par des intérêts commerciaux sous prétexte de protection de la nature,
par le biais de marchés du carbone ou d'autres programmes de
compensation de la biodiversité, sans considération pour les personnes
qui vivent sur ces territoires et qui ont pris soin des biens communs
depuis des générations ;
 	* Un virage radical vers l'agroécologie pour produire des aliments
sains pour le monde. Nous devons relever le défi de produire
suffisamment d'aliments de qualité tout en relançant la biodiversité et
en réduisant drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES).
 	* Régulation efficace du marché des intrants (tels que crédits,
engrais, pesticides, semences, carburant) pour soutenir la capacité des
paysan·nes à produire de la nourriture, mais aussi pour assurer une
transition juste et bien planifiée vers des pratiques agricoles plus
agroécologiques ;
 	* Une gouvernance alimentaire basée sur les peuples, pas sur les STN.
La capture de la gouvernance alimentaire par les STN doit cesser et les
intérêts des peuples doivent être placés au centre. Les petit·es
producteur·trices devraient se voir accorder un rôle essentiel dans
toutes les instances traitant de la gouvernance alimentaire ;

 	* La transformation de la Déclaration des Nations Unies sur les Droits
des Paysan·nes en un instrument juridiquement contraignant pour la
défense des populations rurales.
 	* Le développement dans chaque pays des capacités de stockage public
alimentaire. La stratégie de stockage alimentaire doit se tenir à la
fois au niveau national mais aussi à travers la création et le soutien
public aux réserves alimentaires au niveau communautaire, avec des
aliments produits localement issus de pratiques agroécologiques ;
 	* Un moratoire mondial sur les technologies dangereuses qui menacent
l'humanité, comme la géo-ingénierie, les OGM ou la viande cellulaire. La
promotion des techniques à faible coût qui augmentent l'autonomie
paysanne et des semences paysannes ;
 	* Le développement de politiques publiques pour assurer de nouvelles
relations entre celleux qui produisent et ceux qui consomment, celleux
qui vivent en zone rurale et celleux qui vivent en zone urbaine,
garantissant des prix équitables définis en fonction du coût de
production, permettant un revenu décent pour tou·tes celleux qui
produisent à la campagne et un accès équitable à une alimentation saine
pour les consommateur·trices ;
 	* La promotion de nouvelles relations de genre fondées sur l'égalité
et le respect, tant pour les personnes vivant à la campagne que pour la
classe travailleuse urbaine. La violence contre les femmes doit cesser
maintenant.

-------------------------

La souveraineté alimentaire nourrit les peuples, l'agrobusiness affame !


Globalisons la lutte, globalisons l'espoir ! 

SouverainetéAlimentaireMAINTENANT #LVC30ans #16Oct22

Declaration-de-la-Journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-contre-les-multinationales-16OCT22
[5]TÉLÉCHARGER [5] 

-------------------------

REGARDEZ AUSSI LES ÉVÉNEMENTS ET LES NOMBREUX MESSAGES DE SOLIDARITÉ
ÉMIS PAR LE MOUVEMENT MONDIAL POUR LA #SOUVERAINETÉALIMENTAIRE.

-------------------------

Facebook [6]Twitter [7]WhatsApp [8]Telegram [9]Email [10] 

16 octobre [11] Zoom [12] 

 

Links:
------
[1]
https://viacampesina.org/fr/pour-quoi-nous-luttons/souverainete-alimentaire-et-commerce/documents-clefs-souverainetlimentaire-et-commerce/
[2]
https://viacampesina.org/fr/pour-quoi-nous-luttons/souverainete-alimentaire-et-commerce/
[3]
https://fr.wfp.org/news/global-report-food-crises-acute-food-insecurity-hits-new-highs
[4] https://www.wfp.org/publications/global-report-food-crises-2022
[5]
https://viacampesina.org/fr/wp-content/uploads/sites/4/2022/10/Declaration-de-la-Journee-internationale-daction-pour-la-souverainete-alimentaire-des-peuples-contre-les-multinationales-16OCT22.pdf
[6] https://viacampesina.org/#facebook
[7] https://viacampesina.org/#twitter
[8] https://viacampesina.org/#whatsapp
[9] https://viacampesina.org/#telegram
[10] https://viacampesina.org/#email
[11] https://viacampesina.org/fr/tag/16-octobre/
[12] https://viacampesina.org/fr/tag/zoom-sur/
-------------- section suivante --------------
Une pièce jointe HTML a été nettoyée...
URL: <http://mail.viacampesina.org/pipermail/via-info-fr/attachments/20221017/4b017d85/attachment.html>


Plus d'informations sur la liste de diffusion Via-info-fr