[Info FR] Déclaration de La Via Campesina sur la migration et les travailleurs ruraux

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Sam 4 Avr 08:09:02 CEST 2015


 

Déclaration de La Via Campesina sur la migration et les travailleurs
ruraux [1] 
Créé le mercredi 1 avril 2015 19:41 

25 MARS 2015 - FORUM SOCIAL MONDIAL TUNIS 2015 

La migration des peuples à travers des barrières arbitraires est partie
intégrale de l'histoire de l'humanité. Motivés par la recherche de
meilleures conditions de vie, ces mouvements de populations d'un endroit
vers un autre ont été transformés plus tard en processus sociaux,
économiques et politiques qui ont largement bénéficié aux élites
dirigeantes - des marchands d'esclaves aux multinationales actuelles. 

Aujourd'hui, le capital exige des libertés exceptionnelles pour lui même
-combinés avec de grandes restrictions pour les pauvres- qui engendrent
guerres, exclusion sociale, injustices économiques, crise climatique
globale qui forcent des milliers d'êtres humains à chercher un refuge au
delà des frontières internationales imposées. 

Le capital financier et l'agrobusiness concentrent leurs pouvoirs et
leurs biens -diminuant les capacités de vie des petites fermes. En
générant la précarité, ils contraignent un nombre grandissant de la
population rurale à quitter leurs fermes pour migrer vers la ville. 

Les politiques libérales, les accords de libre échange, le développement
de l'agriculture industrielle, la concentration des bassins de
production ont des effets destructeurs sur l'environnement, la
biodiversité, le climat et les économies locales, en particulier
paysannes. 

Les communautés paysannes sont particulièrement affectées par ces
politiques agressives qui imposent un modèle de développement basé sur
l'exploitation des ressources, la captation des biens communs , le vol
des terres agricoles et l'exploitation des paysannes et des paysans
comme celle des femmes et des hommes travailleurs de la terre . 

C'est ainsi qu'une forte proportion de paysans ruinés par ces politiques
se retrouvent parmi les centaines de milliers de personnes migrantes
dans le monde , obligés d'aller vendre leur force de travail loin de
chez eux. 

Une fois urbanisés, nos peuples sont dans l'impossibilité de trouver des
opportunités dans nos pays et deviennent les migrants d'aujourd'hui, la
main d'œuvre pas chère au service des multinationales. Les cas les plus
révélateurs sont les paysans qui quittent les fermes familiales pour
devenir travailleurs low cost de l'agriculture des géants comme
Monsanto, Cargill, ou DuPont. Ceci arrive autant en interne - à
l'intérieur du Mexique ou de la Palestine par exemple- qu'en externe.
Nous traversons les frontières pour travailler pour ceux qui nous
forcent à quitter nos terres. 

Nous la Via Campesina, le mouvement social le plus vaste, avec des
millions de paysans et paysannes, de femmes, de jeunes, de peuples
indigènes, d'afro-descendants, pêcheurs et -souvent dû à des
déplacements involontaires- des migrants et des travailleurs ruraux,
dénonçons le fait que, celles et ceux qui souffrent du changement
climatique qui provoque des dégâts catastrophiques dans nos territoires
sont ls plus pauvres d'entre nous. Le terme de "réfugié climatique" est
aujourd'hui utilisé pour décrire celles et ceux d'entres nous chassés de
leurs terres par les crises climatiques globales, par
l'industrialisation de l'alimentation et par un système social qui rend
coupable ses victimes et pardonne ses auteurs. 

Pour faire avancer la lutte pour la Souveraineté Alimentaire et
permettre de mettre fin au contrôle des multinationales sur système
alimentaire global, nous déclarons qu'il est nécessaire de: 

 	* Mettre fin à la violence et à la répression contre les migrants
victimes d'une soi-disant lutte contre le terrorisme. L'immigration doit
cesser d'être amalgamée avec les menaces contre la sécurité nationale
(ou domestique), car ce sont deux choses bien différentes.
 	* Que les émigrés sans papiers cessent d'être séparés de leurs
familles, car cela a de graves conséquences sur la vie de leurs enfants.
Il faut arrêter de confiner les enfants de migrants dans des centres de
détention qui les font vivre dans des conditions inhumaines, insalubres
et en violation de leurs droits les plus élémentaires. Il faut au même
titre stopper la déportation des enfants plus vulnérables.
 	* Que les réfugiés bénéficient de la protection des grandes
organisations internationales (comme l'ONU) et des ONG dont les valeurs
morales sont reconnues (comme Amnesty International), que leurs droits
soient garantis et que les campements de réfugiés soient mieux encadrés.
 	* Endiguer et révoquer les actions et les politiques qui criminalisent
les migrants et ne font qu'augmenter les cas de persécution, de
détention, d'expulsion et d'attaques physiques envers ces derniers. Il
faut forcer les Etats à respecter les conventions internationales, à
adhérer à la Convention pour la protection des droits des migrants et
leurs familles et à modifier leurs politiques et leurs interventions
publiques pour assurer la bonne exécution des conventions
sus-mentionnées.
 	* Légaliser la migration "clandestine" pour combattre la
criminalisation.
 	* Permettre (ou garantir) aux migrant-e-s l'accès au marché du travail
dans des conditions équivalentes aux travailleuses et travailleurs
"nationaux".
 	* S'opposer au travail temporaire, car ce système ne fait que diviser
la classe ouvrière et affaiblir ses luttes et son organisation interne.
Dans le cas des travailleurs agricoles temporaires (issus des programmes
"bracero" et "guest workers" ou embauchés dans leur pays d'origine), ils
ne profitent en réalité qu'à l'agriculture industrielle en lui
fournissant une main d'œuvre bon marché et docile.
 	* Mettre en place des réseaux actifs permettant l'organisation et la
défense des migrants, le renforcement du droit à la négociation
collective et du droit de grève, une solidarité permanente et enfin
l'adoption ferme et définitive du principe de "une attaque contre un est
une attaque contre tous"
 	* démanteler les conventions de libre échange, et surtout celles qui
ont un impact sur les ressources communes, les communautés rurales et
les peuples autochtones. Inscrire le principe de la souveraineté
alimentaire dans le droit international pour retirer au capital
corporatif le contrôle du système alimentaire et reconstruire nos
agricultures nourricières dans nos pays respectifs.
 	* combattre le système capitaliste de croissance économique et son
évolution "verte" qui ne touche en rien aux causes de la crise
climatique, qui elle-même exacerbe la crise des migrations. Parmi les
manifestations du chaos climatique, on peut citer: les grandes
sécheresses, les inondations, les avalanches, les séismes, les tsunamis,
etc. Ces catastrophes sont de plus en plus fréquentes et sont déjà
responsables d'un quart des migrations non-désirées à l'échelle mondiale
estimées à 210 millions de personnes (chiffre de l'Organisation
internationale pour les migrations,www.iom.int/cms/fr/sites.iom [2]).
 	* Reconnaître les causes de la crise climatique mondiale et forcer les
sociétés transnationales et leurs gouvernements dans les pays
industrialisés à assumer leur responsabilité dans la vague de réfugiés
climatiques. Au niveau national, intégrer les victimes de déplacements
du à la dégradation de l'environnement dans les stratégies de
développement social pour les aider à s'organiser.
 	* Élaborer des plans d'action avec des échéances précises dans les
politiques nationales de recherche et développement , en donnant la
priorité à l'agriculture paysanne durable comme une option viable pour
lutter contre la crise climatique et réduire les impacts des déplacement
dus à la dégradation de l'environnement.
 	* faire tomber tous les murs: Etats-Unis/Mexique, Melilla, Ceuta,
Palestine (Cisjordanie), Sahara occidental, etc., car non seulement ils
représentent une agression barbare contre l'humanité et ils divisent les
peuples, mais ils attentent à la nature. Les frontières géographiques
actuelles contribuent déjà fortement aux catastrophes écologiques et ces
murs ne font que les aggraver.
 	* Mettre fin aux guerres pour l'occupation de territoires,
l'extraction des richesses et l'asservissement des peuples autochtones

Nous sommes ici au Forum Social Mondial 2015 à Tunis pour faire savoir à
tout le monde, que ceci est notre engagement et que nous sommes prêts à
nous unifier avec tous les mouvements sociaux et populaires afin de
construire une alliance internationale de paysans, de travailleurs
migrants, de peuples indigènes et d'activistes pour un monde meilleur,
plus digne et plus humain. 
 

Links:
------
[1]
http://viacampesina.org/fr/index.php/les-grands-ths-mainmenu-27/migrations-et-ouvriers-agricoles-mainmenu-41/1064-declaration-de-la-via-campesina-sur-la-migration-et-les-travailleurs-ruraux
[2] http://www.iom.int/cms/fr/sites.iom
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